Le musée d'Orsay à 20 ans

Ancienne gare transformée en antre de la culture, le musée des Impressionnistes vaut plus qu’une simple visite !
Décidément, l’espace réservé aujourd’hui sur le Quai d’Orsay au musée homonyme a connu bien des affectations. Il faut remonter jusqu’en 1810 pour trouver la trace de la première construction d’un édifice à cet endroit ; le Palais d’Orsay auquel fut bientôt ajoutée une caserne de Cavalerie. Le palais fut successivement affecté au Ministère des Affaires étrangères, à la Cour des Comptes et au Conseil d’Etat avant d’être incendié durant la Commune, en 1871. Jusqu'à l’aube du 20è siècle, les ruines du Palais d’Orsay restèrent visibles au yeux de tous comme un témoignage de cette guerre civile intestine qui ravagea Paris en mars 1871.

C’est grâce à la magnifique exposition universelle de 1900 que l’espace d’Orsay va renaître, au propre comme au figuré, de ses cendres. L’état cède le terrain à la Compagnie des Chemins de Fer d’Orléans qui va ériger, en respectant les contraintes urbanistiques imposée par le Baron Haussman qui rénova complètement la capitale française entre 1853 et 1870, une gare pour les trains à destination du sud-ouest de la France. Confiée à trois architectes - Lalou, Bénard et Magne -, la Gare d’Orsay, savant mélange de métal, de verre et de pierre, fut inaugurée le 14 juillet 1900. >Elle va rester en service jusqu’en 1939 avant de s’éteindre progressivement suite à l’électrification des chemins de fer. Pendant la seconde guerre mondiale elle servira d’abord de centre d’expédition de colis aux prisonniers de guerre avant de se transformer en centre d’accueil pour ces mêmes prisonniers à la Libération.

La gare désaffectée servit encore de décor au film Le Procès, adaptation du roman de Kafka par Orson Welles en personne avant d’accueillir la Compagnie théâtrale de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault. En 1973, la Direction des Musées de France envisage d’utiliser ce superbe espace de 55000 m². Cette même année, le bâtiment est inscrit à l’inventaire des monument historique, il ne sera cependant classé que cinq années plus tard. C’est donc en 1977, sous la Présidence de Valéry Giscard d’Estaing que la décision de transformer l’ancienne gare en musée est prise.

De Renoir à Gaudi en passant par Man Ray

Ce n’est pourtant que le 1er décembre 1986 que François Mitterrand, qui avait succédé à VGE, inaugura le Musée d’Orsay. Il a donc fallut presque 10 ans pour mettre sur pied ce chef d’œuvre d’architecture et de culture. En effet, aujourd’hui, les 80 salles et galeries proposent aux visiteurs quelque 4000 oeuvres permanentes - peintures, sculptures, photographies, meubles... - sous 12 tonnes d’acier, 30 tonnes de pierre et 35.000 m² de surface verrées.

La collection du Musée d’Orsay se veut le reflet de la création artistique du monde occidental entre 1848 et 1914. Ainsi, les peintres renommés comme Monet, Degas, Toulouse-Lautrec, Van Gogh ou Renoir côtoient les sculpteurs Rodin, Pradier et Maillol ou encore des photographes à l’image de Stieglitz, Man Ray ou Lewis Caroll(1). Des architectes et des designers comme Horta, Gaudi ou Morris complètent l’inestimable collection du Musée d’Orsay... Ainsi, au gré d’une balade de trois heures, sous la bienveillance de l’horloge de la gare qui fonctionne toujours, c’est tour à tour Le bal du Moulin de la Galette (1876, Pierre-Auguste Renoir), Les Nymphéas (1899, Claude Monet), Autoportrait de l’artiste (1890, Vincent Van Gogh), Seule (1896, Henri de Toulouse-Lautrec), Portrait de jeune femme (1867, Edgar Degas), La naissance de Vénus (1863, Alexandre Cabanel) qui s’offrent, parmi tant d’autres chefs d’oeuvres, au regard du visiteur. Après les toiles de maîtres, ce sont les sculptures qui accrochent l’œil... Le bronze de La petite danseuse de 14 ans (1881, Edgar Degas) s’abrite sous le splendide haut-relief en plâtre de la Porte de l’enfer (1917, Auguste Rodin) tandis que Sapho (1852, James Pradier) surveille discrètement. Des meubles Art Déco et Art Nouveau - notamment le superbe Support de Jardinière d’Antoni Gaudi, récemment acquis par le musée -, des maquettes impressionnantes signées par de grands architectes ou des objets d’art uniques complètent le tour du musée. Des expositions temporaires (2) permettent souvent de découvrir aussi des chefs d’oeuvres venus d’autres musées ou de collections privées.

Assurément, le Musée d’Orsay est un lieu enchanteur où tout amateur de beauté ne peut que trouver son bonheur. Cet endroit respire le calme, la sérénité et l’art et il est, à mes yeux, le plus beau de tous les musées parisiens, bien avant le Louvre même... Amis lecteurs, si vous passez par Paris, n’hésitez pas à découvrir ou redécouvrir le Musée d’Orsay... Les quelques euros que l’on réclame à l’entrée sont un investissement judicieux pour l’ouverture d’esprit de tout un chacun !

Musée d’Orsay

Source : http://www.actadiurna.info

(1) qui, même s’il était surtout connu en tant qu’auteur d’Alice au Pays des Merveilles était aussi un photographe de grand talent.
(2) jusqu’au 5 septembre Johan Bartold Jokgkind, précurseur de l’Impressionnisme